by Albert Camus
Reviews:
(1 month ago) |
08 Oct, 2024
Comme son nom l'indique, ce roman raconte un épisode de peste imaginé à Oran dans les années 40, même si cela s'inspire de vraies épidémies qui ont eu lieu à cette époque à Oran et Alger. Un narrateur soi disant objectif présente les différentes étapes : les rats morts au début, l'apparition de la maladie, le confinement, l'apogée puis la disparition. On suit plusieurs personnages : un médecin dévoué, un journaliste qui ne pense qu'à s'en fuir mais finalement change d'avis, un prêtre pénible, un suicidaire qui se retrouve à l'aise dans ce contexte et un ami du médecin, fonctionnaire de son état.
Les personnages sont très artificiels, des vraies marionnettes au service de l'auteur. La ville, qui est vaguement évoquée au tout début avec un certain romantisme, est à peine montrée. Surtout, le plus grave dans un sujet éminemment social comme l'est une épidémie, la société n'est absolument pas décrite.
Il y a un ou deux situations que j'ai trouvées intéressantes, comme l'épanouissement de Cottard pendant l'épidémie (même si sa fin n'a absolument aucun sens). Mais c'est plutôt ce qui manque qui est révélateur :
- il n'y a pas de femmes et pas d'arabes. Il n'y a aucune considération sociale, comme dit plus tôt.
- la question des remedes est peu évoquée et toujours positiviste ; il n'y a pas de rumeurs, de craintes, de superstitions... de gens.
- aucun cafouillage. La gestion par la préfecture est peu efficace, mais ce qui est fait est toujours présenté comme ce qu'il faut faire, sans qu'il y ait de panique, de changement d'avis, d'incompréhension...
- Il n'y a absolument aucune contestation par personne des mesures prises.
En cherchant sur la question de l'absence des populations locales dans le livre, je n'ai pas trouvé d'explication satisfaisante. Au lieu de ça, j'ai trouvé beaucoup de commentaires sur le fait que l'histoire serait une métaphore de l'occupation, voire de la shoah. Cette explication ne me satisfait pas. D'abord, parce que je ne vois pas comment une maladie qui touche les gens au hasard peut être comparée à un régime qui vise des gens en particulier. Il n'est pas question dans le livre de sentiment d'(in)justice ni de révolte, c'est une fatalité. Surtout, cette interprétation me semble un manque de respect pour le sujet, comme si une épidémie ne pouvait pas être un sujet un soi et qu'il fallait toujours tout ramener aux nazis.
Dans l'ensemble, c'est un livre lent, assez chiant, pas remarquable ni pour ses personnages ni pour son style... aucune raison de s'y attarder, franchement. J'ai cru comprendre qu'il a été très lu au moment de la pandémie de Covid. Pas la peine. Concernant les sujets des épidémies, je conseille plutôt "L'aveuglement" de Saramago ou "L'hérétique" de Delibes (dont ce n'est pas le sujet principal, mais qui contient un passage remarquable racontant un événement de peste à la Renaissance).
Pour finir sur une note positive, j'ai bien aimé l'histoire de Tarrou, à partir de la page 244, qui parle de la question de la peine de mort et les idéologies meurtrières du XXème. Ça n'a rien à voir avec le reste du livre, c'est peut être pour ça que j'ai trouvé ça intéressant.
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